lundi 27 octobre 2014

Une Fleur de Cassie, EDPFM





C’est très curieux ces parfums qu’on a détesté et qui basculent de l’autre côté du miroir et nous bouleversent soudain. Pour moi, Une fleur de cassie est de ceux-là. Longtemps je l’ai trouvé trop puissant, trop compact. Ses muscs me vrillaient le nez à la manière d’une poudre à récurer avec ces notes caractéristiques de pédiluve chloré. Y’avait de la piscine dans la cassie.
Et puis, à la faveur d’une reformulation drastique du côté de chez Malle où l’on rogne sur les couts, on dilue à tour de bras, voilà qu’elle devient acceptable cette fleur, même incroyablement portable.

Des éclats jaunes fleuris qui s’envolent, un ambre blanc soulevant le tapis vert poudreux complexe de la cassie merveilleusement travaillée qui colle au corps, à la chair. Dépouillé des afféteries miellées anisées amande du mimosa poupoule, point  de vanillade, d’amandine, de collant du gâteau. De la tenue, une rigueur, des voiles légers, de l’abstrait, un tableau élégant d’un romantisme fou. Énigmatique, un parfum libre, jazz. 
Et dire que j’aurai pu passer à côté.


C’est l’automne, les forêts sont cubistes, la ville s’emmitoufle et je déambule sur mon tapis roulant de cassie avec bonheur. 






Photos : Accacia Farnesiana et Nina Simone.